[Commission Compétition] Arbitrer en Taï-Jitsu : un exercice difficile – 1/2

Dans cet article en deux parties, nous vous proposons de tirer les leçons des travaux de chercheurs en psychologie sur l’arbitrage dans le monde sportif* et nous appliquerons leurs conclusions au Taï-Jitsu.

L’idée ? Prendre conscience de la difficulté du travail d’arbitre, quelque soit le sport et repérer les pistes pour développer les compétences des arbitres.

Un peu d’histoire

D’abord un peu d’histoire : « lors des jeux olympiques antiques [les arbitres] se préparaient, reclus, pendant près de 10 mois précédent les jeux : leurs décisions étaient sans appels… ».

Ces arbitres étaient appelés Hellanodikai et étaient considérés comme « les Grecs les plus justes ». Aujourd’hui, tous les sports font appels à des arbitres et leurs décisions provoquent parfois des contestations, voire des rebellions.

Le rôle d’un arbitre

Le rôle d’un arbitre n’a rien à voir d’une discipline à l’autre. Sur un 100m, l’arbitre s’assure de l’absence de tricherie et chronomètre la performance. En Taï-Jitsu, l’évaluation de la performance relève d’abord d’un jugement humain (pas d’objectivation avec un chronomètre) lors d’un match 1 contre 1 : le jugement est nécessairement subjectif.

L’arbitre est en charge de la direction du match et dispose de pouvoirs discrétionnaires. La mobilisation de 3 arbitres sur chaque surface de combat doit permettre la décision la plus juste possible à partir d’un regard/jugement extérieur, sur le bord des tatamis. Un arbitre extérieur au jugement direct supervise et permet d’assurer le respect du règlement.

La compétence première d’un arbitre de Taï-Jitsu c’est donc sa capacité de jugement fondée sur une observation juste de prestations techniques. C’est une tâche difficile et qui requiert certaines compétences. L’arbitre est une tierce partie, neutre, non directement concernée par le résultat. Les attentes sont donc très exigeantes : évaluation, jugement, respect des règles, contrôle, etc. L’interprétation personnelle doit être réduite au minimum.

Problème : l’arbitre doit trancher et son choix peut décevoir, quand il n’est pas considéré comme erroné.

Il y a beaucoup de facteurs à prendre en compte comme le contexte, le rythme des matchs, l’espace physique, l’état de forme personnel, la température dans la salle, le bruit, etc.

L’arbitrage ne se réduit pas à une application stricte du règlement : c’est un travail complexe qui demande compétence et expérience. Les chercheurs ont analysé les différents facteurs qui influencent la qualité de la décision :

  • L’expertise : d’après les recherches en psychologie du sport, la maîtrise du règlement et l’importance du niveau technique se traduisent par un meilleur jugement, une moindre sensibilité à la pression externe, une meilleure endurance liée à la concentration match après match. L’expertise technique est donc un critère premier dans le choix d’un arbitre. Mais ce n’est pas non plus une garantie absolue. Parfois, il se peut que l’expert reste trop longtemps enfermé dans une erreur de jugement par la difficulté qu’il aura à accepter la remise en cause de sa décision. Une solution possible : l’échange bienveillant entre pairs, c’est-à-dire un dialogue permanent entre techniciens pour ajuster et affuter le jugement.

  • La position : l’angle visuel détermine l’appréciation visuelle de la prestation. On ne voit pas la même chose en fonction de l’angle. D’où des écarts de jugement lorsque 3 arbitres doivent apprécier le même match. La solution est évidente : disposer de plusieurs angles de vue. 3 minimum. Lorsque la discipline en a les moyens, elle peut mettre en place un plus grand nombre d’arbitres (cf. gymnastique par exemple).

La suite dans le prochain article : la suite des facteurs qui influencent la décision et les manières d’améliorer l’arbitrage.

*Source : Dosseville, Fabrice, et Catherine Garncarzyk. « L’arbitrage des pratiques sportives : jugement et décision », Bulletin de psychologie, vol. numéro 489, no. 3, 2007, pp. 225-237.

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