[Portrait] Christian Bisoni, responsable technique national et expert fédéralTai Jitsu

Christian Bisoni

Pour démarrer l’année 2016, nous vous proposons le portrait de Christian Bisoni, responsable technique national Tai Jitsu, issu d’une interview réalisée au départ pour le magazine Karaté Bushido (mars 2015).

 

« Il ne faut pas perdre de vue que notre travail doit être avant tout efficace et définitif ».

Voilà en quelques mots le leitmotiv de Christian Bisoni, ceinture noire 6ème dan et responsable technique national du Taï-Jitsu depuis 2012. Cette exigence guide sa pratique depuis les premières années (il débuta la discipline en 1983) et l’amena à effectuer un voyage de plusieurs semaines au Japon sur les traces de Jim Alcheik, l’initiateur du Taï-Jitsu en France. Christian prend l’avion pour Shizuoka dans le courant de l’année 1996, seul et sans lettre d’introduction, en direction du dojo Yoseikan de Maître Minoru Mochizuki, le père spirituel de la discipline. Au pied du mont Fuji, il fait plusieurs rencontres qui marqueront sa pratique : Sensei Washizu et Kenmutsu (Aïkido), Sensei Teruo Sano (Karaté) et Senseï Sato (Judo).

La recherche pluridisciplinaire est au cœur de la pratique de Christian Bisoni.

Il n’hésite pas à se frotter au Ju-Jitsu (dont il est 3ème dan) ou au Nihon Kempo (dont il est 4ème dan). Il se rend régulièrement à Stuttgart, en Allemagne, suivre des cours de close-combat dédiés au maniement des armes. Cet éclectisme transparaît aujourd’hui dans son panel technique : un subtil mélange de souplesse -propice à l’exécution de clés articulaires- et de force, nécessaire à l’exécution des atémis, qui lui permit notamment de remporter 4 coupes de France dans la discipline.

Ainsi son Taï-Jitsu peut apparaître comme un assemblage de Judo, de Karaté et d’Aïkido à la manière d’une bonne bouteille de vin. Néanmoins l’expert rectifie rapidement cette vision réductrice. « Notre discipline n’est pas une invention française et n’est pas non plus un simple mélange de judo, de karaté et d’aïkido, comme certains aiment à le dire. » Le Taï-Jitsu propose certes un corpus technique spécifique qui associe des techniques de percussion et des techniques de préhension dans une perspective d’auto-défense, mais « après avoir acquis l’alphabet martial à travers de nombreuses techniques, il faut laisser celles-ci s’adapter à votre personnalité, à votre physique et à votre mental. »

Développer l’intelligence du corps.

C’est d’ailleurs le cœur de sa recherche : développer l’intelligence du corps à travers l’exécution technique. Si l’exécution d’une clé articulaire de base peut sembler simple au départ, la capacité à placer son corps, à le connecter à l’adversaire, peut transformer une technique de contrôle en une dynamique visant à déséquilibrer, contrôler et soumettre.

 

 

Cette recherche visant à améliorer l’utilisation structurelle du corps associée à un travail sur le mental, rend évident le lien avec une pratique de self-défense. « Au-delà des valeurs de volonté, d’abnégation et de rigueur inhérentes à la plupart des pratiques, le Taï-Jitsu permet de développer de vraies qualités de recul, de calme, de contrôle de soi et d’analyse des situations, qui permettent de passer à travers les difficultés de la vie en douceur » explique-t-il.

Modernité et tradition

La pratique de Christian Bisoni se situe ainsi au croisement fécond de la modernité et de la tradition. Si ses méthodes d’enseignement modernes sont adaptées aux pratiquants d’aujourd’hui, « par son côté respectueux et cérémonial, ses règles codées et rigoureuses, le Taï-Jitsu induit une certaine discipline. Il forge un état d’esprit, un contrôle de soi et une notion de respect des règles qui nous différencient des autres pratiques purement sportives. » Une approche raisonnée de la tradition, la volonté d’une pratique ancrée dans le réel, peut-être est-ce là l’originalité fondamentale d’une méthode encore peu connue ?